En 1934, alors que la CORF vient d'achever sa dernière casemate à Hombourg à hauteur de Mulhouse, tout le Sud du Haut-Rhin, à partir de ce point jusqu'à la frontière suisse, ne possède pas la moindre défense. Conscients de l'importance vitale de protéger cette zone, les Etats-majors français qui n'on eut qu'à différer la fortification de la région jusqu'à lors, se heurtent en fait toujours au même problème : le fameux Traité de Paris du 20 novembre 1815. Ce dernier garantit la neutralité de la Suisse en interdisant l'édification de toute fortification à moins de 12 kilomètres de Bâle.
En 1863, Franck Latruffe fera l'analyse critique des Traités de Paris de 1815 et citera un passage de l'article III : "Les fortifications de Huningue seront rasées sans pouvoir être rétablies ni remplacées par d'autres ouvrages à une distance moindre de trois lieues de la ville de Bâle". Ces écrits aboutiront au démantèlement de la cité Vauban d'Huningue et causeront plus tard le problème du tracé de la Ligne Maginot. L'intervalle Hombourg-Kembs sera en effet amputé d'une douzaine de casemates (portant les numéros 64 à 75).
En 1935, la 7ème région militaire entreprend l'organisation et démarrent les petits chantiers (blocs MOM).
En septembre 1936, Edouard Daladier, alors ministre de la Défense Nationale,
n'attendra pas le renégociation du Traité pour lancer sérieusement les travaux dans ce secteur qu'il juge urgent de fortifier.
Mais les crédits manquent crucialement.
Des constructions de type STG démarreront alors dès fin 1936, et surtout en 1937. Evidemment plus économiques que leurs homologues CORF,
la faiblesse de ces ouvrages résidera dans l'équipement et l'armement.
La carte ci-dessous met en évidence le respect du Traité. La ligne principale de résistance contourne bien la limite imposée par la
Suisse.
La ligne principale s'articule autour de trois centres de résistance : Sierentz, Bettlach-Oltingue et Raedersdorf où l'on a construit
sept casemates d'artillerie.
Dans le gros calibre toujours, 12 batteries d'artillerie permanentes (8 x 155mm et 4 x 240mm)
seront pointées en direction des ponts et des installations ferroviaires de Bâle et d'Huningue.
On dénombre ensuite 32 casemates d'infanterie, dont 9 allégées, une dizaine de points d'appui et des centaines d'ouvrages MOM.
Plusieurs camps de sûreté, abris, PC, chambres de coupure étoffaient le secteur.
A noter la présence exceptionnelle d'un stand de tir de type CORF à Sierentz, destiné à l'entraînement des troupes.
En tant qu'alternative à une Région fortifiée de Belfort synonyme de constructions puissantes, la fortification "allégée" du secteur d'Altkirch aura pour rôle non moins important de barrer les voies d'accès à Belfort, et de tenir les hauteurs à l'ouest de Bâle. Elle ne sera cependant le théatre d'aucun combat en 1940.