La Ligne Maginot a vaillamment combattu. Des hommes y sont morts.
Les errements stratégiques du Haut-Commandement Français avec en tête le général Gamelin et la fragilité assumée
de certains secteurs ont pu précipiter la défaite de 1940.
Il faut toutefois considérer le contexte de l'entre-deux-guerres : l'état d'esprit purement défensif de la France,
les difficultés économiques suite au krach de 1929 qui ont mis à mal la construction
de la Ligne Maginot dès le milieu des années 30 (dévaluations du franc, instabilité politique), mais aussi les relations diplomatiques franco-britanniques et franco-belges qui, mêlées aux souvenirs de 14-18, ont conforté l'idée d'une intervention erronée en Belgique avec le gros des troupes.
Le constat après-guerre a été que certains "obstacles" naturels furent trop peu fortifiés (Ardennes, Sarre, Rhin) et que les armes dites modernes furent limitées et/ou mal employées (chars, avions, lutte anti-aérienne).
Cependant, la Ligne Maginot des Alpes a été, quant à elle, pleinement victorieuse en stoppant les offensives italiennes, annihilant les ambitions de Mussoloni.
Sur la pertinence de la fortification, cette solution était encore largement employée à l'époque dans la plupart des pays y compris l'Allemagne.
Il en va de la dissuasion psychologique chez l'assaillant qui doit en tenir compte et adapter ses stratégies en conséquence.
La Ligne Maginot a effectivement eu la réputation d'être "infranchissable" dans l'esprit des Allemands, d'où leur décision de l'éviter ou de la "tester" avec de lourds moyens.
Enfin concernant le coût, la Ligne Maginot représente une dépense d'environ cinq milliards de francs de 1930 à 1936, soit 1,6 % du budget de l'État sur la période.
A partir du 10 mai 1940, l'Allemagne déclenche, en plus de son offensive principale sur Sedan, différentes attaques contre la Ligne Maginot.
Mais quelle Ligne ?
Nous tombons en effet sur ses points les plus faibles :
des régions avec des fortifications légères car tardives, donc souvent inachevées ou sans artillerie conséquente.
Citons en exemple le secteur Ouest de Montmédy, où se déroula la tragédie du petit ouvrage de la Ferté mi-mai (105 hommes d'équipage français asphixiés suite aux combats).
Plus tard, le 12 juin, l'ordre de repli général de l'armée française du Nord-Est est donné afin d'éviter l'encerclement. Cet ordre concerne les troupes d'intervalle et celles de forteresse.
Mais la lenteur des transmissions et la soudaine offensive de la Heeresgruppe C à partir du 14 juin dans la Sarre et sur le Rhin (zones faibles) empêche les équipages d'ouvrage de se replier,
alors que les vitales troupes d'intervalle ont déjà décrochées.
Cela facilite la perçée allemande dans la trouée de la Sarre où les assaillants attaquent ensuite quelques ouvrages par l'arrière :
le Kerfent et le Bambesch côté Ouest; le Haut-poirier et le Welschhof côté Est. Sans soutien d'artillerie, ces ouvrages d'infanterie malmenés n'ont d'autre choix que la reddition.
Sur le Rhin, la 7è Armée allemande établit des têtes de pont entre Marckolsheim et Neuf-Brisach dès le 15 juin. Les faibles casemates d'infanterie ne pourront contenir l'invasion qui conduira
à la prise de Colmar le 17, Mulhouse le 18 et Strasbourg le 19 juin 1940.
Quant à la plupart des autres ouvrages, ils ne se rendront que sur ordre français, du 25 juin au 2 juillet, sans avoir failli à leur mission.
Enfin, n'oublions pas la victoire de la fortification alpine qui permettra à la France de garder la zone sud libre jusqu'en 1942 et de peser dans les négociations d'après-guerre.
De nos jours, la Ligne Maginot constitue un patrimoine militaire incontournable qui s'ajoute à longue liste des fortifications antérieures de France (châteaux, forts Vauban, Séré-de-Rivières...).
Les visiteurs et les passionnés peuvent se rendre compte, à travers la découverte d'ouvrages patiemment restaurés, de l'aboutissement technique et logistique qu'a représenté une telle entreprise !